Extraits tirés de la Revue d'histoire du Brabant wallon édité par le CHIREL Tome 27-Fascicule 3, sept 2013
Le domaine de l'abbaye de Notre-Dame de Bonne-Espérance et la paroisse de Gentinnes. Philippe Annaert.
"L'abbaye de Bonne-Espérance a été fondée dès 1126 à proximité du village de Vellereille-les-Brayeux, à Estinnes près de Binche, sur des terres offertes aux chanoines de Prémontré...Les religieux se constituent très vite un patrimoine important, principalement situé en Hainaut, en Brabant wallon et dans le Namurois...Chanoines réguliers, ils suivent la règle de Saint Augustin et partagent leur existence entre la vie commune au sein du monastère et les charges curiales...Bon nombre de religieux prémontrés vivent dons en dehors de l'abbaye,dans la paroisse qui leur est assignée, souvent de longues années...
La paroisse de Gentinnes est l'une des cures qui font partie du patrimoine direct de l'abbaye de Bonne-Espérance. C'est en 1187 que se situe la donation de l'église aux chanoines prémontrés... Les biens propres à l'église de Gentinnes sont connus grace à plusieurs registres, datant des 16-18ème siècles.Les propriétés de la paroisse se composent de terre, rentes et dîmes. Les biens fonciers sont essentiellement des terres arables, auxquelles s'ajoutent quelques jardins et prés...La seigneurie foncière qui appartient à l'abbé est un autre moyen d'assurer la présence du monastère. Un receveur y perçoit les cens et rentes, alors que le bailli et les échevins rendent basse et moyenne justice... L'arrivée des Français, signalée par le curé dans son registre en 1794, vient définitivement mettre un terme à cette époque."
Historique architectural Mathieu Bertrand
"La littérature nous apprend qu'un sanctuaire paroissial se dressait déjà en cet endroit au moins depuis le 12e siècle. L'édifice a ensuite bénéficié de plusieurs phases de restaurations et d'agrandissement. L'église sera démolie en grande partie durant le dernier quart du 18e siècle pour faire place, en 1784, à un espace plus moderne et sans doute plus vaste, dans la texture esthétique du temps, mais tout en conservant du sanctuaire précédent un choeur de trdition gothique, vraisemblablement du 16e siècle pour partie (chevet). Le b^timent se présentait sous la forme d'une triple nef relativement basse, rythmée de trois travées, couverte par une bâtière unique et cloturées par un choeur étroit, muni d'une travée droite et fermé d'un chevet à triple plan. L'ensemble était signalé par une tour logée entre deux annexes éclairées latéralement par une baie à triple harpe munie d'un arc faiblement surbaissé à clé débordante, surmontée presque immédiatement par un appentis formé par le prolongement de la couverture principale.
Sise au centre du village de Gentinnes et attenante à la cure elle aussi réédifiée par Coulon en cette structure 1869, l'église actuelle, devancée d'une courte drève plantée de tilleuls, a gardé cette structure formant un "avant-corps" avce sa tour harpée aux angles et frappée du millésime"1784" sur le portail.
Les annexes latérales ont été surélevées, soulignées d'une frise denticulée et munie d'un demi-pignon à rampant débordant sur console profilée. Le vaisseau actuel développe trois nefs sous appentis et bâtière. Il est ajouré par cinq verrières bombées équipées d'une clef saillan,te et d'un arc de décharge, sur piedroits biseautés à triple harpe et un seuil de simple facture, sous une même frise. les gouttereaux sont éclairés par autant de de feêtres analogues à double harpe soulignées d'une frise identique. Le haut-choeur est illuminé par des baies cintrées et fermé par un chevet plat à congés d'angle frappé d'une plaque commémorative inscrivant: "Cette Eglise fut rebatie en 1863 sous les auspices de M.MINET Antoine Joseph Bourgmestre et Chevalier de Léopold".
Le sobriété et les formes sèches qui caractérisent l'aspect extérieur ne laissent pas présager la richesse du décor intérieur. L'édifice enduit et aujourd'hui blanchi-la polychromie a disparu dans la plupart des église du 19e siècle en Wallonie-est rythmée de colonnes ioniques et faiblement tronconiques supportant les arcs en plein cintre panneauté pourvu d'un médaillon foliacé et rehaussé d'un listel à clé stuquée, coiffés d'un entablement à forte corniche denticulée et architrave timbrée de boutons fleuris, intégrant des consoles volutées à perle, sous le registre des fenêtres hautes surbaissées, nanties d'un encadrement à crossettes.
Les collatéraux sont ajourés entre des consoles de même veine par des baies surbaissées analogues et prolongés de chapelles-niches orientales hémi-circulaires aveugles, sommées d'une niche d'inspiration baroque combinée à un archivolte. Le choeur du chevet plat est surélevé et illuminé entre des pilastres au chapiteau composite par des verrières similaires.
La couverture intérieur de la nef et du choeur est particulièrement ouvragée. Elle se présente sous la forme d'un berceau surbaissé en lattis, ménageant des lunettes et est rehaussée de nervures liaisonnées par un tierceron à double clé, le tout reposant sur des doubleaux animés de caissons. Les basses-nefs quant à elles sont couvertes par des voutes d'ogives surbaissées en lattis équipées de doubleaux similaiures rehaussés d'un médaillon fleuri. Il nous semble interessant de souligner que les confessionnaux et la chaire de vérité adoptent de manière signifiante le style précédent tout en datant pourtant bien du 19e siècle. Le maître de l'ouvrage ne se limite donc pas à la préservation de la tour du 18e siècle, il souhaite, selon toute vraisemblance, faire réference à une architecture plus mouvementée, celle de la fin du 17e siècle.