5e Dimanche de Pâques A (10/05/2020)

1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

« Ne soyez pas bouleversés », ce sont les paroles que Jésus adresse à ses disciples à quelques heures de sa croix pour les réconforter. Effectivement, l’atmosphère du groupe est tragique. Le maître vient d’annoncer la trahison de Juda, le triple reniement de Pierre. Il a aussi dit qu’il s’en allait et que là où il partait ses amis ne pouvaient pas le suivre. C’est sur un contexte de ce genre que le maître qui va vers sa propre mort essaie de rassurer ses amis en leur disant : « Ne soyez pas bouleversés ».  Ces paroles sont bien adaptées à notre situation actuelle. Évidemment, nous sommes tous bouleversés, et même impuissants devant ce petit virus qu’on ne peut réussir à combattre qu’en restant terrés, confinés à la maison. Notre angoisse est d’autant plus grande que nous sommes contraints à faire le deuil des personnes, de nos habitudes, voire de notre vie d’avant pour apprendre à vivre dans un autre monde dont nous ne connaissons pas encore tout à fait la configuration.

« Que votre cœur ne se trouble pas. Faites-moi confiance », dit-il. Croyez en moi comme vous croyez en mon père. Vous n’avez pas besoin d’avoir peur parce que la vraie paix, la paix inébranlable qui vient de Dieu, moi je peux vous l’offrir, puisque je vais vers le père.

Ne soyez pas bouleversés, ce n’est pas la peine, parce que moi je vais à la maison, auprès de mon père qui m’aime et que j’aime. Chaque fois que vous crierez vers lui sachez que vous avez un frère qui parlera pour vous jusqu’au jour où il viendra vous prendre pour que vous soyez avec lui. Si vous vous unissez à moi, dit Jésus, vous rencontrerez le père. Mais nous ne pouvons nous unir au Christ qu’en empruntant le chemin qui mène au prochain, notre frère, notre sœur. Car c’est à travers le frère et la sœur que Jésus qui a disparu à nos yeux se rend visible.

Nous n’avons pas à être troublés parce que votre vie a un sens, elle a un but. Au terme de ta route humaine, ce n’est pas le néant absurde, comme certains le prétendent, mais c’est quelqu’un qui t’attend, qui t’aime et qui t’ouvre les bras pour t’introduire dans sa maison où une place spéciale a déjà été préparée pour toi. Ce « quelqu’un », c’est le Père. Remarquez que dans cet extrait de l’Évangile, le mot Père est cité 12 fois. Jésus ne cesse de parler de son Père. Et c’est lui qui nous mène au Père : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Ces trois mots par lesquels Jésus se définit sont parfaitement en cohérence avec ce que nous avons entendu Dimanche dernier, où le Pasteur se présentait comme la « porte » des brebis. Or, la porte permet le passage. La porte des brebis permet aux brebis de sortir pour retrouver le chemin des montages, le chemin vers les pâturages, le chemin qui mène à la vie en abondance. Aujourd’hui il se dit « chemin », pas un chemin parmi tant d’autres, mais LE chemin. C’est lui qui révèle au monde le vrai visage de Dieu. Qui voit le Fils, voit le Père ; et qui cherche à savoir la vérité du Père n’a qu’à regarder le fils ; qui veut aller au Père doit passer par le Fils.

J’aime bien la magnifique symphonie que ces trois termes réunis (chemin, vérité et vie) peuvent créer : ils nous montrent en effet que le chemin c’est la vérité de la vie, c’est-à-dire que notre vie dans la foi est en vérité un chemin. Autrement dit, la foi, elle nous met en mouvement sur les routes pour témoigner de la vérité, témoigner de la vie même de Dieu.

Notre mission est désormais bien définie : être chrétien, c’est être celui qui ouvre des pistes entre les hommes,

celui qui trace des voies d’espérance,

celui qui aplanit le chemin qui mène au Père par le Christ qui est Vérité et Vie.